Le 1er juillet 1916, les premières attaques de la 29e division lancées dans le cadre de la bataille de la Somme ne permirent pas de saisir les lignes allemandes sur cette section du champ de bataille. Au delà de l’entrée du parc terre-neuvien se trouve une vaste zone de rase campagne laissée telle qu’elle était ce jour-là, avec toutes ses lignes de tranchées et ses cratères d’obus. À partir du chemin longeant la statue du caribou, on peut observer cet ancien champ de bataille et essayer d’imaginer le fracas et les combats qui firent rage ce matin-là. Après l’échec de l’assaut initial, en milieu de matinée, la 29e division envoya au combat deux de ses unités de réserve : le 1er bataillon du régiment d’Essex et le bataillon terre-neuvien. À ce stade, personne ne savait si l’un des 8 bataillons ayant pris part à l’assaut initial avait ou non atteint les lignes allemandes. Les Terre-Neuviens furent alors frappés par la tragédie.
Explosion d’une mine britannique sur Hawthorn Ridge (la crête des aubépines), à Beaumont Hamel, juste avant l’attaque lancée par la 29e division britannique le premier jour de la bataille de la Somme, le 1er juillet 1916.
Explosion d’une mine britannique sur Hawthorn Ridge (la crête des aubépines), à Beaumont Hamel, juste avant l’attaque lancée par la 29e division britannique le premier jour de la bataille de la Somme, le 1er juillet 1916.
Les tranchées de réserve étaient séparées de l’ancienne ligne de front d’environ 275 mètres. Toutes les tranchées de communication allant vers le front étaient déjà bloquées par un grand nombre de blessés et d’autres troupes. Les Terre-Neuviens, cependant, avaient été informés que leur attaque était urgente. Ils quittèrent donc leurs tranchées aux alentours de l’emplacement actuel du monument commémoratif du caribou, et ils progressèrent vers la droite, à terrain découvert, en direction de la ligne de front, exposés aux tirs concentrés de mitrailleuses allemandes. Même avant d’arriver dans le no-man’s-land, ils durent se frayer un passage à travers d’étroites ouvertures aménagées dans les fils barbelés britanniques, et à cet endroit bien sûr ils s’amassèrent. Après la bataille, les corps de 69 Terre-Neuviens furent retrouvés dans l’une de ces ouvertures. Le reste du bataillon atteignit le no-man’s-land et continua sa progression avec peine, mais aucun n’arriva bien loin. À droite du monument commémoratif du caribou, au milieu de l’ancien champ de bataille, se dresse un arbre mort appelé « l’arbre du danger », autour duquel de nombreux Terre-Neuviens périrent ce jour-là. Peu d’entre eux parvinrent à dépasser ce point. Le soldat de deuxième classe F. H. Cameron, des 1st Kings Own Scottish Borderers, les vit mourir.
Alors arrivèrent les Terre-Neuviens, un extraordinaire corps militaire, mais les tirs s’intensifièrent et ils furent décimés devant mes yeux. Je maudis les généraux pour ce massacre inutile, il semblait qu’ils n’avaient aucune idée de ce qui se passait.
Cameron, cité par Martin Middlebrook dans The First Day on the Somme (Le Premier Jour de la Somme), Londres, 1977, p. 189
Le mémorial terre-neuvien de Beaumont-Hamel, vue sur les tranchées préservées en direction du cimetière Y Ravine Cemetery. Les Terre-Neuviens essayèrent d’avancer dans ce secteur le 1er juillet 1916.
Le mémorial terre-neuvien de Beaumont-Hamel, vue sur les tranchées préservées en direction du cimetière Y Ravine Cemetery. Les Terre-Neuviens essayèrent d’avancer dans ce secteur le 1er juillet 1916.
L’historien britannique Martin Middlebrook estime que 91 % des Terre-Neuviens qui participèrent à l’attaque furent soit tués soit blessés, et conclut qu’il est « rare de voir un bataillon être décimé à ce point en si peu de temps ». Sur les 778 hommes du régiment de Terre-Neuve qui partirent au combat le 1er juillet 1916, seulement 68 répondirent présents à l’appel en fin de journée. Une revue religieuse terre-neuvienne évoqua les conséquences du 1er juillet 1916 pour Terre-Neuve .